LES ABEILLES AUSSI
Duo chansons piano-voix
Anne PIA et Françoise TETTAMANTI
AVIGNON OFF 2024 Le courage de prendre son temps
par Franck HALIMI 16 juillet 2024
Et si, dans ce papier, j’ai souhaité lier « Le courage » de la Compagnie des Petits Papiers au spectacle du duo breton Les Abeilles Aussi, c’est parce que j’ai également ressenti – chez Anne Pia (l’autrice-compositrice-chanteuse) et Françoise Tettamanti (la pianiste, également aux arrangements) - ce même ineffable besoin d’articuler leurs envies à une liberté revendiquée. Mais que, pour parvenir à ce Graal, il fallait, là encore, prendre le temps. Ou plutôt prendre LES temps : celui d’être, celui de respirer, celui d’observer, celui de réfléchir, celui d’analyser, celui de re-réfléchir, celui de tenter une proposition, celui de la rater, celui de la corriger, celui de la reproposer, celui de la foirer à nouveau, celui de l’amender, celui de la tenter une nouvelle fois,… Bref, après les avoir mûrement pesées et pensées, ces deux femmes assument leurs chansons avec l’assurance d’une maturité assise sur leur expérience de vie. Et parce que, ayant décidé de ne pas céder aux sirènes de la précipitation moderne, et en « CONTREpoint » de celle-ci, elles les ont laissées mijoter au feu doux de leur foyer breton pour les rendre délectables. Et il faut bien reconnaître que ainsi relevées, elles ne manquent pas de celte…
Ce duo s’est construit au fil des dix dernières années et, si les deux artistes se sont choisies mutuellement, ce sont pour d’excellentes raisons, dont une approche complémentaire de « tout ce qui peut faire une bonne chanson » : une histoire singulière, une patte littéraire pour la raconter, un style musical pour lui offrir un écrin adapté, des arrangements instrumentaux et vocaux pour la mettre en forme, une interprétation adéquate où voix et clavier se complètent à merveille,… Car les compétences d’arrangeuse vocale de Françoise permettent aux deux voix féminines de s’accorder à son toucher pianistique ondoyant et nuancé, occupant ainsi pleinement l’espace qui leur est offert grâce à un spectre sonore gorgé d’harmoniques.
Bon OK, la forme m’a plu… mais, en fait, qu’est-ce qu’elles nous disent ces chansons ? Hé ben, elles nous racontent le cycle de l’existence d’une femme ayant décidé de voir le monde à travers un filtre positif, même s’il est hors de question de taire les écueils, embûches et accidents qui jalonnent ce parcours. Et tout au long de ce récital fort bien construit en terme d’énergie, les dix-huit chansons d’Anne Pia qui le composent sont autant de tableaux impressionnistes qui, alternativement, avec lucidité, humour et profondeur, dépeignent les amours vibrantes, les ruptures blessantes, les lapins subis, la maternité choisie, la liberté revendiquée, les recettes ratées, la mort inacceptable, le rebond indispensable, l’espoir rayonnant, les incidents déconnants, les beautés de l’ailleurs, les combats batailleurs,… Et de courts intermèdes ayant le temps pour objet viennent toutes les quatre ou cinq chansons rythmer un tour de chant à la fois à la fois doux et épicé, dont le point d’orgue est, à mes oreilles reconnaissantes la chanson intitulée « L’ampoule ». Cette chronique poétique et maline du temps qui passe raconte les étapes de la vie d’une femme, au travers d’un incident domestique courant.
Vous aurez donc compris que ces deux spectacles ciselés que sont « Le courage » et « CONTREpoint » m’ont beaucoup plu et stimulé. Et j’ai voulu les réunir dans le même papier car tous les deux m’ont fait penser à ce que disait fort pertinemment Christian Bobin : « Le poétique, c’est avant l’écriture. C’est une manière d’être, une façon d’aller dans la vie, de taper avec le cœur sur le cœur de l’autre. Et d’ignorer tous les obstacles, d’aller tout droit. C’est avoir un langage différent de celui qu’utilisent ceux à qui on a donné les clés du langage, ces prétendus savants, ces experts de ceci ou de cela, ces économistes tristes, ces sociologues un peu énervés,… Le poétique, c’est aller du cœur au cœur. »
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Des Abeilles qui nous font parenthèse
Ajouté par Michel Kemper le 27 mars 2020.
Elle chante depuis trente ans, mais vous n’avez pas le moindre disque d’elle. Et pour cause : c’est son premier. Ce ne sera peut-être pas son dernier, même s’il se nomme La parenthèse, que pour l’heure elle ouvre. Elle, c’est Anne Pia. Il a suffit d’un hasard, d’une rencontre, celle de Françoise Tettamanti… Anne sait qu’elle vient de rencontrer la musicienne qui portera ses chansons, les mènera de scène en scène, les gravera avec elle sur disque. Pour Françoise, travailler avec une auteure était un rêve. Il est des rencontres qui, même tardive, comptent dans une vie… Anne Pia est chanteuse et comédienne ; Françoise Tettamanti est pianiste, chanteuse lyrique et chef de chœur. Il fallait un nom pour sceller ce duo : ce sera « Les abeilles aussi ». Visiblement ce nom a été oublié sur la (très belle) pochette du disque. Qu’importe. Ce disque vous surprendra.
On trouvera une parenté entre la voix d’Anne Pia et celle de Michèle Bernard. En fait, la ressemblance est plus marquée encore : la façon de chanter, même parfois l’écriture… « Barbe à papa ou banquise / Crème fouettée, chantilly / Bulles de savons insoumises / Coton en vrac ou confettis / J’ai pourtant fait de beaux voyages / J’ai vu de troublants paysages / Par-dessus la mer de nuages / Je plane, je plane… »
Chaque titre est bulle de vie, bulle d’humeur ou de sentiments, les deux parfois. Chaque chanson, qu’elle soit interprétée en solo ou en duo, est une petite merveille d’équilibre. Vous me direz, quitte à ne faire qu’un album dans sa vie artistique, autant le faire bien. Oui, et là, c’est réussi. Ici c’est un amour fidèle qui « grimpe le baiser aux enchères » ; là une marée qui fait la mer et les rochers noirs, les poissons crevés, les oiseaux mazoutés : « On ramasse la bêtise / De nos présidents / L’incohérence, la couardise / Des gouvernements ». Ici, c’est Juliette qui ouvre son cœur et son corps à la vie ; là, ce sont des larmes « comme un torrent capricieux / là, sur mes joues / qui me secoue ». Des errances à Rennes ou à Montparnasse…
Des instants de vie, joliment décrits, délicieusement peints. Et de l’amour, beaucoup d’amour, même si « Notre amour n’était pas écologique / Pas sain, pas naturel, pas durable / Il était très, très économique / En vérité pas équitable ».
De l’amour dans l’intention, dans la réalisation, dans le talent d’Anne et de Françoise. Rien à dire, à redire, vraiment, d’un disque simplement bien, très beau. Onze chansons à se passer et repasser durant nos longs confinements. On ne va pas s’en priver !
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Plélo. Les abeilles aussi n’ont pas volé leur réputation
Invitée par la médiathèque vendredi soir dans le cadre de la Fête de la musique, le duo Les abeilles aussi, qui proposent des compositions originales françaises, a fait salle comble. Né de la rencontre en 2015, entre Anne Pia, chanteuse et comédienne, et Françoise Tettamanti, pianiste, chanteuse lyrique et chef de chœur, ce duo est un tour de chant, où il est question de rêves et d’envies.
« Mais quelles envies ? Envie d’histoires, celles de la vie quotidienne et celles des événements du monde qui nous entoure. Envie de chercher les mots, les perdre, jongler avec eux, les rattraper puis leur trouver un ordre qui parle, qui ose et raconte », aiment à répéter les abeilles.
Notre CONTREpoint sur Radio Rennes , avant de partir pour Avignon Off 2024
RADIO RENNES 100.8 fm
10 JUIN 2020 avec Loïc Turmel
RADIO RENNES 100.8 fm
OCTOBRE 2017
Loïc TURMEL nous reçoit pour une petite causerie
RADIO OPEN fm 97.9
AVRIL 2020